lundi, août 13, 2007

Le pétrole, enjeu majeur entre Luanda et Kinshasa


L’exploitation pétrolière dans une zone déclarée d’intérêts communs de la R.D.C et de l’Angola a constitué un dossier prioritaire dans les négociations que les chefs d’Etat des deux pays ont eues à Luanda.


L’un des accords de coopération signés en début de semaine par le gouvernement de Luanda et celui de Kinshasa, prévoyant l’exploration et la production communes du pétrole compris dans la Zone d’intérêts communs constitue le point d’orgue de la visite de travail du président congolais à son homologue ango­lais. A moins d’être torpillé par des maladresses diplomatiques ou des aléas politiques, cet accord sur les hydrocarbures ouvre à la RDC la voie d’accès, dans un proche avenir, au club très fermé des pays expor­tateurs du pétrole membres de l’OPEP.


Fait nouveau dans les relations entre l’Angola et la RDC, la volonté exprimée par le gouverne­ment de la République démocra­tique du Congo et celui de la République d’Angola d’œuvrer ensemble et de partager fifty-fifty les revenus générés par l’exploitation pétrolière dans la zone du littoral qu’ils ont appelée « Zone d’intérêts communs », ZIC en sigle. C’est donc la ma­térialisation entre deux pays afri­cains du fameux principe win-win (gagnant-gagnant).


Voilà, en gros, les termes de l’un des accords de coopéra­tion signés lundi dernier dans la capitale angolaise par les minis­tres des Affaires étrangères de deux pays, sous la supervision des deux chefs d’Etat, Joseph Kabila de la RDC et José Eduardo Dos Santos d’Angola. Lesdits ac­cords, précisons-le, seront finali­sés en octobre prochain à Kins­hasa, à l’occasion de la tenue de la Grande commission mixte angolo-congolaise.


3 milliards de barils de réserve


En attendant, la littérature pétrolière renseigne que, contrairement à la République démocra­tique du Congo dont la zone d’ex­ploration et d’exploitation des hydrocarbures se limiterait à quelque 15 km du littoral, la Ré­publique voisine d’Angola avait poussé ses recherches jusqu’à environ 300 km en haute mer. Son audace, comme il fallait s’y attendre, aurait payé. Car il a été mis à jour un potentiel de 3 mil­liards de barils de pétrole de ré­serve. Une aubaine.


Aux termes de l’accord qui vient d’être signé à Luanda, le gouvernement angolais ac­cepte d’associer intimement la RDC à l’exploration ainsi qu’à l’exploitation de cette manne, dont la localisation géographique s’étend apparemment sur la fa­çade maritime commune aux deux pays. Il reste entendu que l’Angola ayant mené toute seule, à ses frais, les opérations antérieures d’exploration du gise­ment, la RDC a l’obligation de rembourser les charges déjà en­gagées par le partenaire au pro­rata de ses bénéfices.


Néanmoins, l’opinion tant nationale qu’internationale de­vrait savoir que l’Angola était déjà détentrice de permis d’ex­ploitation de certains sites recon­nus internationalement. Le fait qu’elle daigne renoncer partiel­lement à cet avantage, au profit de la RDC, non seulement sur les gisements en exploitation ou en développement mais aussi sur ceux à explorer ou abandonnés, est un signal fort du caractère très particulier des relations existant entre les deux chefs d’Etat, les deux pays et les deux peuples. C’est un fait rarissime sur le con­tinent.


RDC, un Etat pétrolier !


Dans leur démarche visant la recherche des intérêts communs, les deux gouvernements auraient décidé, selon les rensei­gnements recueillis de bonne source, de développer la « Zone d’intérêts communs ». Ils pensent atteindre cet objectif aussi rapidement que possible en fai­sant volontairement fi de la déli­mitation des frontières. Ce qui laissera à leurs opérateurs pétroliers un large champ de manoeu­vre sur un plus vaste espace maritime.


Par ailleurs, des spécialis­tes du pétrole interrogés par la rédaction du Potentiel ont laissé entendre que, selon les estimations les plus fiables, la « Zone d’intérêts communs » produirait à son lancement 25.000 barils de pétrole par jour. Cette production atteindra 250.000 barils/jour quel­ques temps après. Au stade fi­nal, la RDC, devenue un Etat pétrolier, produira conjointement avec l’Angola 1 million de barils/jour et ce, pendant 10 ans. Quel mi­racle !


Attention ! La surabon­dance des ressources minérales entraînant la malédiction pour les jeunes pays qui peinent à se dé­mocratiser, il est du devoir des gouvernants de jouer à la trans­parence pour éviter des soubre­sauts internes, facteur d’instabilité. Cette mise en garde oblige la société civile à demeurer fort vigilante. C’est de cette manière, et de cette manière seulement, que la manne pétrolière congo­laise de demain pourrait profiter à l’ensemble de la populations, présente et à venir.


Pour conclure, les analys­tes ne s’empêchent pas de faire observer que « le dossier Kahemba » – du nom de la loca­lité située dans la zone frontalière entre la RDC et l’Angola – a servi à quelque chose.


Il a de toute vraisem­blance aidé le gouvernement de Kinshasa à ficeler ses dossiers avant les dernières négociations de Luanda. Négociations qui ont, entre autres affaires, fait du pé­trole un enjeu majeur entre Luanda et Kinshasa.


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