L’exploitation pétrolière dans une zone déclarée d’intérêts communs de la R.D.C et de l’Angola a constitué un dossier prioritaire dans les négociations que les chefs d’Etat des deux pays ont eues à Luanda.
L’un des accords de coopération signés en début de semaine par le gouvernement de Luanda et celui de Kinshasa, prévoyant l’exploration et la production communes du pétrole compris dans la Zone d’intérêts communs constitue le point d’orgue de la visite de travail du président congolais à son homologue angolais. A moins d’être torpillé par des maladresses diplomatiques ou des aléas politiques, cet accord sur les hydrocarbures ouvre à la RDC la voie d’accès, dans un proche avenir, au club très fermé des pays exportateurs du pétrole membres de l’OPEP.
Fait nouveau dans les relations entre l’Angola et la RDC, la volonté exprimée par le gouvernement de la République démocratique du Congo et celui de la République d’Angola d’œuvrer ensemble et de partager fifty-fifty les revenus générés par l’exploitation pétrolière dans la zone du littoral qu’ils ont appelée « Zone d’intérêts communs », ZIC en sigle. C’est donc la matérialisation entre deux pays africains du fameux principe win-win (gagnant-gagnant).
Voilà, en gros, les termes de l’un des accords de coopération signés lundi dernier dans la capitale angolaise par les ministres des Affaires étrangères de deux pays, sous la supervision des deux chefs d’Etat, Joseph Kabila de la RDC et José Eduardo Dos Santos d’Angola. Lesdits accords, précisons-le, seront finalisés en octobre prochain à Kinshasa, à l’occasion de la tenue de la Grande commission mixte angolo-congolaise.
3 milliards de barils de réserve
En attendant, la littérature pétrolière renseigne que, contrairement à la République démocratique du Congo dont la zone d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures se limiterait à quelque 15 km du littoral, la République voisine d’Angola avait poussé ses recherches jusqu’à environ 300 km en haute mer. Son audace, comme il fallait s’y attendre, aurait payé. Car il a été mis à jour un potentiel de 3 milliards de barils de pétrole de réserve. Une aubaine.
Aux termes de l’accord qui vient d’être signé à Luanda, le gouvernement angolais accepte d’associer intimement la RDC à l’exploration ainsi qu’à l’exploitation de cette manne, dont la localisation géographique s’étend apparemment sur la façade maritime commune aux deux pays. Il reste entendu que l’Angola ayant mené toute seule, à ses frais, les opérations antérieures d’exploration du gisement, la RDC a l’obligation de rembourser les charges déjà engagées par le partenaire au prorata de ses bénéfices.
Néanmoins, l’opinion tant nationale qu’internationale devrait savoir que l’Angola était déjà détentrice de permis d’exploitation de certains sites reconnus internationalement. Le fait qu’elle daigne renoncer partiellement à cet avantage, au profit de la RDC, non seulement sur les gisements en exploitation ou en développement mais aussi sur ceux à explorer ou abandonnés, est un signal fort du caractère très particulier des relations existant entre les deux chefs d’Etat, les deux pays et les deux peuples. C’est un fait rarissime sur le continent.
RDC, un Etat pétrolier !
Dans leur démarche visant la recherche des intérêts communs, les deux gouvernements auraient décidé, selon les renseignements recueillis de bonne source, de développer la « Zone d’intérêts communs ». Ils pensent atteindre cet objectif aussi rapidement que possible en faisant volontairement fi de la délimitation des frontières. Ce qui laissera à leurs opérateurs pétroliers un large champ de manoeuvre sur un plus vaste espace maritime.
Par ailleurs, des spécialistes du pétrole interrogés par la rédaction du Potentiel ont laissé entendre que, selon les estimations les plus fiables, la « Zone d’intérêts communs » produirait à son lancement 25.000 barils de pétrole par jour. Cette production atteindra 250.000 barils/jour quelques temps après. Au stade final, la RDC, devenue un Etat pétrolier, produira conjointement avec l’Angola 1 million de barils/jour et ce, pendant 10 ans. Quel miracle !
Attention ! La surabondance des ressources minérales entraînant la malédiction pour les jeunes pays qui peinent à se démocratiser, il est du devoir des gouvernants de jouer à la transparence pour éviter des soubresauts internes, facteur d’instabilité. Cette mise en garde oblige la société civile à demeurer fort vigilante. C’est de cette manière, et de cette manière seulement, que la manne pétrolière congolaise de demain pourrait profiter à l’ensemble de la populations, présente et à venir.
Pour conclure, les analystes ne s’empêchent pas de faire observer que « le dossier Kahemba » – du nom de la localité située dans la zone frontalière entre la RDC et l’Angola – a servi à quelque chose.
Il a de toute vraisemblance aidé le gouvernement de Kinshasa à ficeler ses dossiers avant les dernières négociations de Luanda. Négociations qui ont, entre autres affaires, fait du pétrole un enjeu majeur entre Luanda et Kinshasa.
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