samedi, avril 04, 2009

La RDC Conclut Avec Le FMI- Recale Les Contrats Chinois

Le Fonds monétaire international est disposé à relancer les négociations pour un nouvel accord formel avec la RDC. Brian Ames, son chef de mission en RDC, l’a confirmé mardi au cours d’une conférence de presse. A fin avril, la RDC devait donc renouer avec le FMI par un Programme triennal (PEG II) sur la période 2009-2011.  

Mais, le chemin pour y arriver a été parsemé d’embûches dont les contrats chinois. Coincé par le FMI, le gouvernement a dû faire un choix : le PEG II contre des contrats chinois.

Les experts du Fonds monétaire international (FMI) ont bouclé mardi, par une conférence de presse animée en leur représentation de la RDC, leur séjour de deux semaines dans la capitale congolaise. Séjour consacré essentiellement aux consultations au titre de l’article IV des statuts du FMI. Brian Ames, chef de division au département Afrique du FMI, qui conduisait la délégation, a donné rendez-vous, fin avril à Washington, aux autorités congolaises pour approfondir les discussions pour la conclusion d’un nouvel accord formel entre les deux parties. Le temps, certes, pour la RDC d’affûter ses armes avant d’adhérer à sa thèse, en marge des assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale, les experts du FMI.

D’orès et déjà, il est presque établi que la RDC aura finalement à conclure son second programme triennal, soutenu par le FMI au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) sur la période 2009-2011. Le pays pourra bénéficier, durant cette période, de 500 millions Usd.

LA CAPITULATION

Ce n’est pas de gaieté de cœur que la RDC a assoupli sa position. Car, en trois années de discussions, et ce, depuis la fin brutal du premier PEG en mars 2006, les contrats chinois ont été le point d’ancrage des négociations devrant ouvrir la voie au PEG II.

Que la RDC se soit aujourd’hui rétractée, acceptant de conclure le plus rapidement possible un nouvel accord avec le FMI, sous-entend un forme voilée de la capitalisation du gouvernement congolais à ses exigences, formulées depuis toujours en terme d’un ajustement des contrats chinois avant tout nouveau programme avec la RDC. Ainsi, Kinshasa a eu son programme triennal sur la période 2009-2011, mais en retour, elle a dû revoir à la baisse ses ambitions de reconstruction, résumées dans les « cinq chantiers » de la République pour lesquels les Chinois ont promis d’apporter un appui significatif à leur réalisation.

Les contrats chinois ont bel et bien subi un coup – un grand coup, pense-t-on dans les milieux spécialisés. Ni l’un ni l’autre - gouvernement ou FMI - ne voudrait l’avouer. C’était, semble-t-il, le prix que la RDC a consenti à payer pour renouer formellement avec le FMI. Brian Ames, non plus, ne l’a peut-être pas dit de manière explicite. « Nous attendons la finalisation des études de faisabilité pour nous décider (…). Au niveau du FMI, nous appuyons la politique du gouvernement d’améliorer les infrastructures, important pour le développement de ce pays », a-t-il dit, ironiquement.

Mais, c’est le vice-premier ministre en charge de la Reconstruction, Emile Bongeli, qui a été beaucoup explicite sur le sujet, samedi dernier lors de la réunion mixte Gouvernement-FMI. « Au regard du deuxième objectif (Ndlr : du PEG II), celui de bénéficier des allègements de la dette dans le cadre » du processus PPTE, le Gouvernement s’est engagé à s’abstenir de contracter et de garantir de nouvelles dettes (Ndlr : dont celles découlant des contrats chinois) qui peuvent mettre en cause la soutenabilité de la dette en vue d’atteindre le point d’achèvement, … », a-t-il déclaré. C’est tout dire.

A ce sujet, la crainte pour le FMI, a-t-il indiqué, est de voir la RDC s’engager dans deux initiatives divergentes dans leur phase d’exécution. Avec le FMI, l’objectif est l’atteinte au point d’achèvement à l’initiative PPTE. Donc, l’annulation de près de 90% d’un stock de la dette extérieure évalué à environ 12 milliards en valeur actuelle nette. Les contrats chinois, par contre, ont pour objectif la reconstruction des infrastructures de base, par voie d’endettement, arguent les experts du FMI.

Comment dès lors, notent-ils, aider la RDC à l’effacement de sa dette si, en même temps, le pays s’engage dans un nouveau cycle d’endettement en se tournant vers la Chine ? D’où, le dilemme, le même qui aura bloqué pendant trois ans les négociations d’un nouvel accord entre le FMI et la RDC.

Que le FMI accepte aujourd’hui de se lier formellement avec la RDC, rien d’étonnant. Qu’en échange, la RDC se soit pliée à ses exigences, c’est dire que l’abandon partiel des contrats chinois a été obtenu. Notamment la partie assortie d’une dette aux conditions jugées non concessionnelles par les services du FMI.
 

jeudi, octobre 09, 2008

La crise financière mondiale menace la croissance en Afrique


La crise mondiale, qui vient de frapper les bourses du Caire à Johannesburg, devrait avoir un impact limité sur les systèmes financiers d'Afrique mais risque d'entraîner un ralentissement de la croissance à plus long terme, ont estimé mardi des analystes.


Depuis le début de la semaine, les bourses du continent, jusqu'à présent relativement à l'abri de l'effondrement des marchés, ont plongé, avec un creux de 16,5% mardi en Egypte. Mais toutes les places financières ne sont pas affectées par cette débâcle, la Côte d'Ivoire a ainsi clôturé à la hausse lundi.


"Dans l'immédiat, il n'y a pas d'impact, parce que l'Afrique toute entière représente moins de 1% du commerce mondial", a déclaré à l'AFP Willy Ontsia, le directeur général de la Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale (BVMAC), basée à Libreville.


"Mais si la crise venait à durer, elle aurait des impacts sur plusieurs indicateurs qui ont des influences sur la croissance dans les pays en développement", a-t-il prévenu, alors que le continent affiche la plus forte période de croissance depuis la décolonisation, à 5,7% en 2007.


Ces bons résultats sont largement tirés par les prix élevés des matières premières, qui pourraient chuter si la demande mondiale diminue.


Les analystes pointent également d'autres "conséquences indirectes" de la crise financière, avec le risque d'une baisse des investissements étrangers et de l'aide au développement.


Le continent serait affecté de manière variable par ce ralentissement, mais l'Afrique du Sud, première puissance économique du continent, risque de payer le prix fort.


"L'Afrique du Sud échange beaucoup avec les Etats-Unis et l'Europe, en particulier", relève Daniel Makina, économiste à l'Université d'Afrique du Sud (Unisa). "Une récession aux Etats-Unis ou en Europe aurait donc un impact sur les exportations sud-africaines."


Lundi, la bourse de Johannesburg a fermé à 21.022 points, soit une baisse de 7,3% avant de se stabiliser mardi à l'ouverture, grignotant 2,83%.


A court terme, en raison de sa forte intégration sur les marchés et de ses importantes liquidités, l'Afrique du Sud "sera plus sensible aux fluctuations du marché financier" que les autres pays en développement, a souligné Razia Khan, analyste pour l'Afrique de la banque StandardChartered.


Mais comme sur le reste du continent, les banques sud-africaines sont protégées des turbulences qui frappent l'Occident. Elles se "financent elles-mêmes en préférant l'épargne aux prêts interbancaires" et ont une dépendance limitée aux investisseurs étrangers, selon Mme Khan.


Et même si le Nigeria, puissant pays pétrolier, a accusé lundi une baisse de 0,47% à la fermeture de la Bourse, d'autres places financières, moins dépendantes de l'extérieur, restent totalement protégées de la tempête.


La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), basée à Abidjan, a même clôturé lundi avec un indice en hausse de +0.49% pour le BRVM 10 (les 10 sociétés les plus actives).


"Il n'y a pas d'interconnexion entre les bourses étrangères et notre bourse et en plus (...) on ne fait pas de prêts immobiliers. Donc, on n'a pas les problèmes de liquidités que rencontrent les autres bourses étrangères", explique Aminata Fofana, assistante du directeur de l'antenne nationale BRVM.


Même constat au Maroc. Selon Youssef Benkirane à la tête d'une société de bourse de la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE), la baisse de 0,58% mardi à l'ouverture de l'index général de la bourse de Casablanca (Masi) et de 2,30% la veille "n'a pas de lien direct" avec la crise.


Elle est "psychologique": les hommes d'affaires suivent simplement la tendance, relève M. Benkirane.

La crise financière mondiale menace la croissance en Afrique


La crise mondiale, qui vient de frapper les bourses du Caire à Johannesburg, devrait avoir un impact limité sur les systèmes financiers d'Afrique mais risque d'entraîner un ralentissement de la croissance à plus long terme, ont estimé mardi des analystes.


Depuis le début de la semaine, les bourses du continent, jusqu'à présent relativement à l'abri de l'effondrement des marchés, ont plongé, avec un creux de 16,5% mardi en Egypte. Mais toutes les places financières ne sont pas affectées par cette débâcle, la Côte d'Ivoire a ainsi clôturé à la hausse lundi.


"Dans l'immédiat, il n'y a pas d'impact, parce que l'Afrique toute entière représente moins de 1% du commerce mondial", a déclaré à l'AFP Willy Ontsia, le directeur général de la Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale (BVMAC), basée à Libreville.


"Mais si la crise venait à durer, elle aurait des impacts sur plusieurs indicateurs qui ont des influences sur la croissance dans les pays en développement", a-t-il prévenu, alors que le continent affiche la plus forte période de croissance depuis la décolonisation, à 5,7% en 2007.


Ces bons résultats sont largement tirés par les prix élevés des matières premières, qui pourraient chuter si la demande mondiale diminue.


Les analystes pointent également d'autres "conséquences indirectes" de la crise financière, avec le risque d'une baisse des investissements étrangers et de l'aide au développement.


Le continent serait affecté de manière variable par ce ralentissement, mais l'Afrique du Sud, première puissance économique du continent, risque de payer le prix fort.


"L'Afrique du Sud échange beaucoup avec les Etats-Unis et l'Europe, en particulier", relève Daniel Makina, économiste à l'Université d'Afrique du Sud (Unisa). "Une récession aux Etats-Unis ou en Europe aurait donc un impact sur les exportations sud-africaines."


Lundi, la bourse de Johannesburg a fermé à 21.022 points, soit une baisse de 7,3% avant de se stabiliser mardi à l'ouverture, grignotant 2,83%.


A court terme, en raison de sa forte intégration sur les marchés et de ses importantes liquidités, l'Afrique du Sud "sera plus sensible aux fluctuations du marché financier" que les autres pays en développement, a souligné Razia Khan, analyste pour l'Afrique de la banque StandardChartered.


Mais comme sur le reste du continent, les banques sud-africaines sont protégées des turbulences qui frappent l'Occident. Elles se "financent elles-mêmes en préférant l'épargne aux prêts interbancaires" et ont une dépendance limitée aux investisseurs étrangers, selon Mme Khan.


Et même si le Nigeria, puissant pays pétrolier, a accusé lundi une baisse de 0,47% à la fermeture de la Bourse, d'autres places financières, moins dépendantes de l'extérieur, restent totalement protégées de la tempête.


La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), basée à Abidjan, a même clôturé lundi avec un indice en hausse de +0.49% pour le BRVM 10 (les 10 sociétés les plus actives).


"Il n'y a pas d'interconnexion entre les bourses étrangères et notre bourse et en plus (...) on ne fait pas de prêts immobiliers. Donc, on n'a pas les problèmes de liquidités que rencontrent les autres bourses étrangères", explique Aminata Fofana, assistante du directeur de l'antenne nationale BRVM.


Même constat au Maroc. Selon Youssef Benkirane à la tête d'une société de bourse de la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE), la baisse de 0,58% mardi à l'ouverture de l'index général de la bourse de Casablanca (Masi) et de 2,30% la veille "n'a pas de lien direct" avec la crise.


Elle est "psychologique": les hommes d'affaires suivent simplement la tendance, relève M. Benkirane.

La crise financière mondiale menace la croissance en Afrique


La crise mondiale, qui vient de frapper les bourses du Caire à Johannesburg, devrait avoir un impact limité sur les systèmes financiers d'Afrique mais risque d'entraîner un ralentissement de la croissance à plus long terme, ont estimé mardi des analystes.


Depuis le début de la semaine, les bourses du continent, jusqu'à présent relativement à l'abri de l'effondrement des marchés, ont plongé, avec un creux de 16,5% mardi en Egypte. Mais toutes les places financières ne sont pas affectées par cette débâcle, la Côte d'Ivoire a ainsi clôturé à la hausse lundi.


"Dans l'immédiat, il n'y a pas d'impact, parce que l'Afrique toute entière représente moins de 1% du commerce mondial", a déclaré à l'AFP Willy Ontsia, le directeur général de la Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale (BVMAC), basée à Libreville.


"Mais si la crise venait à durer, elle aurait des impacts sur plusieurs indicateurs qui ont des influences sur la croissance dans les pays en développement", a-t-il prévenu, alors que le continent affiche la plus forte période de croissance depuis la décolonisation, à 5,7% en 2007.


Ces bons résultats sont largement tirés par les prix élevés des matières premières, qui pourraient chuter si la demande mondiale diminue.


Les analystes pointent également d'autres "conséquences indirectes" de la crise financière, avec le risque d'une baisse des investissements étrangers et de l'aide au développement.


Le continent serait affecté de manière variable par ce ralentissement, mais l'Afrique du Sud, première puissance économique du continent, risque de payer le prix fort.


"L'Afrique du Sud échange beaucoup avec les Etats-Unis et l'Europe, en particulier", relève Daniel Makina, économiste à l'Université d'Afrique du Sud (Unisa). "Une récession aux Etats-Unis ou en Europe aurait donc un impact sur les exportations sud-africaines."


Lundi, la bourse de Johannesburg a fermé à 21.022 points, soit une baisse de 7,3% avant de se stabiliser mardi à l'ouverture, grignotant 2,83%.


A court terme, en raison de sa forte intégration sur les marchés et de ses importantes liquidités, l'Afrique du Sud "sera plus sensible aux fluctuations du marché financier" que les autres pays en développement, a souligné Razia Khan, analyste pour l'Afrique de la banque StandardChartered.


Mais comme sur le reste du continent, les banques sud-africaines sont protégées des turbulences qui frappent l'Occident. Elles se "financent elles-mêmes en préférant l'épargne aux prêts interbancaires" et ont une dépendance limitée aux investisseurs étrangers, selon Mme Khan.


Et même si le Nigeria, puissant pays pétrolier, a accusé lundi une baisse de 0,47% à la fermeture de la Bourse, d'autres places financières, moins dépendantes de l'extérieur, restent totalement protégées de la tempête.


La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), basée à Abidjan, a même clôturé lundi avec un indice en hausse de +0.49% pour le BRVM 10 (les 10 sociétés les plus actives).


"Il n'y a pas d'interconnexion entre les bourses étrangères et notre bourse et en plus (...) on ne fait pas de prêts immobiliers. Donc, on n'a pas les problèmes de liquidités que rencontrent les autres bourses étrangères", explique Aminata Fofana, assistante du directeur de l'antenne nationale BRVM.


Même constat au Maroc. Selon Youssef Benkirane à la tête d'une société de bourse de la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE), la baisse de 0,58% mardi à l'ouverture de l'index général de la bourse de Casablanca (Masi) et de 2,30% la veille "n'a pas de lien direct" avec la crise.


Elle est "psychologique": les hommes d'affaires suivent simplement la tendance, relève M. Benkirane.

L'Afrique souffrira aussi à terme de la crise financière

Selon la Banque africaine de développement, le continent ne sera pas touché à court terme mais pâtira du ralentissement de la demande mondiale, de moindres transferts financiers de la part des émigrés, d'un accès réduit au financement et des aléas du tourisme.

L'Afrique devrait échapper aux effets immédiats de la crise financière dans les pays industrialisés, mais sera confrontée à terme à des risques économiques majeurs avec une baisse de la demande mondiale et un accès limité aux financements, selon la Banque africaine de développement.
"L'Afrique est moins exposée en raison de ses relations limitées avec la communauté financière internationale (...), mais j'ai des raisons de m'inquiéter sérieusement des effets économiques à terme sur le continent", a averti mardi Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement (BAD).
Parlant de "la fin d'une époque", le patron de la BAD a préféré insister sur la menace engendrée par les troubles financiers pour la croissance en Afrique. "C'est l'effet économique à long terme qui nous cause d'énormes soucis", a-t-il dit au cours d'une conférence de presse à Tunis, prévoyant des "retombées variables" selon les pays du continent. Les Etats à économie plus ou moins ouverte au mouvement des capitaux seront les plus touchés par le déséquilibre des taux de change, a-t-il averti.
Globalement, les réserves extérieures de l'Afrique sont passées de 1 milliard de dollars en 2002 à 4 voire 5 milliards déposés actuellement dans les banques étrangères. "Cela pose quand même problème !", a-t-il lancé.
En général, les économies africaines seront frappées par le fléchissement attendu de la croissance mondiale et une baisse de la demande après une décennie de croissance au taux annuel de 7% grâce à la demande du pétrole et de matières premières (café, cacao...). "Nous allons dans une phase de demande réduite" et l'effet se fait déjà sentir dans certains marchés émergents (Inde, brésil, Chine), a affirmé le président de la BAD.
De nombreux pays au sud du Sahara seront affectés par un recul attendu des transferts financiers de leurs ressortissants immigrés dans les pays de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), le volume de ces avoirs dépassant pour certains celui des exportations ou de l'aide publique.
La crise financière rendra également les fonds plus coûteux pour les Etats à revenu intermédiaire, qui n'auront plus l'accès facile aux marchés des capitaux (Afrique du Sud, Tunisie, Maroc, Egypte), a-t-il ajouté. Il y a un risque de récession pour les pays qui dépendent du tourisme et ceux qui sont déjà fragilisés par la crise alimentaire ou les conflits (Malawi, Centrafrique, Sierra Leone, Burundi, Liberia, Côte d'Ivoire).
Autres craintes de l'Afrique: une remontée du protectionnisme et le coût élevé du sauvetage du système financier qui va peser sur les budgets et risque de grever l'aide publique au développement.
Décrivant un "système multilatéral en disfonctionnement total", il a prévu "des années sombres", si jamais l'aide au développement devait être considérée comme "une dépense non-prioritaire". Il a cependant écarté la fin du système des marchés et "exhorté" les Etats d'Afrique à aller de l'avant avec leurs réformes macroéconomiques. Pour lui, l'Afrique restera "une destination attrayante" pour les investissements grâce à un meilleur climat d'affaires et au "risque minime" pour le système financier.
Confirmant les prévisions de croissance au taux moyen de 6,5% en 2008, l'ex-ministre rwandais des Finances a affirmé la solidité du groupe qu'il dirige depuis 2005, grâce à "un bon matelas" de liquidités. La BAD "s'inquiète et prône la vigilance", a-t-il lancé avant d'évoquer des mesures décidées par le groupe depuis le début de la crise, en juillet, pour mieux accompagner l'Afrique et préserver le "bon rating" de la banque.
Fondé en 1964, le groupe (77 Etats membres) compte parmi les cinq principales banques multilatérales de développement au monde, avec des financements records à 4,3 milliards de dollars en 2007.

lundi, juin 23, 2008

Coopération Chine RDC : Les Milliards de Pékin Entrainent la Panique en Occident (FMI et BM)


La République démocratique du Congo doit des explications aux institutions de Bretton Woods. La dernière mission du FMI à Kinshasa avait effleuré le problème au terme de sa mission d’évaluation sur le contrat financier que la RDC venait de signer avec la Chine et portant sur un montant de 5 milliards de dollars Usd.


Les bailleurs de fonds viennent de monter en première ligne, exigeant du FMI qu’il ait des éclaircissements auprès de la RDC sur la nature de cette ligne de crédits. Raison officielle ? Ils craignent que la Rdc s’embourbe dans cette spirale de la dette. Mais en réalité, c’est la panique qui s’est emparée des Occidentaux pour autant que la Chine risque de conquérir un plus grand espace économique en RDC, marchant ainsi sur leurs plates-bandes. Partenariat traditionnel oblige, jusque-là.


Le premier accord bilatéral signé en septembre 2007 entre la RDC et la République populaire de Chine s’évalue à plus de 5 milliards Usd. En réalité, il s’agit d’un accord de coopération au terme duquel la Chine s’engage à réaliser un certain nombre d’infrastructures en faveur de la RDC. En retour, cette dernière devra offrir au pays de Mao des concessions minières pour son industrie. Un accord dit « Gagnant-Gagnant ».


A la conclusion de cet accord, le ministre d’Etat des Travaux publics et Infrastructures, Pierre Lumbi, avait dit, en des termes on ne peut plus clairs, qu’il ne s’agit pas d’un « endettement mais plutôt d’une sorte de troc : infrastructures contre matières premières ». Et cet échange est évalué à plus de 5 milliards Usd.


En dépit de ces précisions du ministre d’Etat des Travaux publics et Infrastructures, la conclusion de cet accord a suscité de vives réactions dans le camp des Occidentaux. La toute première réaction officielle est venue du Fonds monétaire international. Son représentant en RDC, M Xavier, à la fin de la visite des experts du FMI en septembre 2007, a mis en garde la RDC contre toute tentative « de relancer le cycle d’endettement de peur de contrarier les efforts en cours pour l’allègement de sa dette extérieure estimée à quelque 14,5 milliards Usd ». En effet, dans l’hypothèse d’une conclusion heureuse du Programme d’actions prioritaires (PAP) en décembre 2008, la RDC atteindra le point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE). Ce qui lui donnera droit à l’allègement de sa dette extérieure afin de la rendre soutenable.


L’atteinte du point d’achèvement diminuera le service de la dette de la RDC et accroîtra ses recettes internes, puisque actuellement 50% de recettes propres sont destinés au paiement du service de la dette extérieure. Il va s’en dire que cette contrepartie devra être consacrée aux dépenses pro-pauvres. Mais si Kinshasa ne remplit pas les conditionnalités des institutions de Bretton Woods pour atteindre le point d’achèvement, il sera appelé à apurer la totalité de sa dette extérieure. Ce qui explique ce fait que les Occidentaux brandissent cet épouvantail pour contraindre la RDC à demeurer sous leur observation. C’est-à-dire le budget national, l’affectation des dépenses doivent au préalable recevoir leur quitus. Ceci pour être sûr que les dépenses nationales sont compressées de manière à permettre notamment le paiement de la dette extérieure et éviter la détérioration des indicateurs macroéconomiques.


Cette panique ne se justifie pas tout simplement parce qu’il n’y a pas justement endettement dans le cadre de ce premier accord avec la Chine. Il y a encore ce deuxième accord financier entre la RDC et la Banque de développement de Chine pour le financement des projets de développement que présentera la RDC. La hauteur du financement disponible par la Banque chinoise de développement n’a pas été révélée. Les analystes estiment que c’est pour ne pas trop inquiéter la Banque mondiale et le Fonds monétaire international que le montant n’a pas été révélé. Toutefois, les rumeurs parlent de près de 10 milliards de dollars Usd. Argent qui sera disponible pour les investisseurs chinois dès qu’ils auront conclu un accord sur un projet de développement tant public que privé avec la RDC. Voilà des pratiques qui ne sont pas du goût de plaire à tout le monde.


Parlant d’ailleurs de cet accord financier, le ministre des Finances avait indiqué que les financements qui seront disponibilisés seront assortis de toutes les conditionnalités internationalement reconnues. Question de rassurer les bailleurs de fonds classiques. Et les crédits qui seront accordés dans ce cadre ne devront pas dépasser le taux d’intérêt de 1 %.


Comme pour rassurer les partenaires multilatéraux de la RDC, à son tour, le vice gouverneur de la Banque chinoise de développement a dit que son institution s’emploiera à ne pas alourdir la dette extérieure de la RDC. Les Occidentaux n’y croient pas et tiennent à connaître les termes de ces accords.


LE DROIT AU DEVELOPPEMENT


Cependant, il sied d’indiquer que la dette en soi n’est pas une mauvaise opération. Tout dépend du secteur d’affectation, des conditions de négociation et de l’échéance de remboursement. La RDC est encore sous exploitée et a besoin de grands financements pour espérer une croissance économique capable d’avoir des effets positifs sur le pouvoir d’achat de chaque Congolais dans cette logique du droit au développement et à la promotion humaine.


Il s’avère que les besoins de financement de la RDC ne peuvent pas, au stade actuel, être résorbés par les seules institutions financières de Bretton Woods et le Club de Paris. La RDC peut souverainement contracter des accords bilatéraux et multilatéraux. C’est son droit le plus légitime. Aussi, sur fond de droit au développement, il est bon pour la RDC de multiplier ses partenaires sans aliéner sa souveraineté et sa dignité, en évitant bien sûr de s’enfermer dans une espèce de Tour de Babel de la dette.


En tout état de cause, l’essentiel pour la RDC consiste à affecter les ressources dans le secteur de développement et non de la consommation afin de maîtriser ses capacités d’honorer les engagements. Bien plus, l’entrepreunariat souffre en RDC de l’inexistence des institutions financières capables d’accorder des crédits à long terme. Et la plate-forme financière chinoise ambitionne de pallier à cette lacune.


En fait, dans ce contexte de relations bilatérales et multilatérales, il est important de quitter les vieux sentiers battus en cette ère de mondialisation pour diversifier la coopération dans le but d’apporter sa contribution à la croissance mondiale. La Chine s’est ouverte à l’ Occident et est devenue membre de l’ Organisation mondiale du commerce, OMC, en s’intégrant dans cette logique. Les Occidentaux n’ont pas hésité un seul instant à l’envahir presque en vue d’exploiter le marché chinois. La République démocratique du Congo ne commet aucun crime de disposer des accords de partenariat avec la même Chine sans s’attirer la foudre des partenaires traditionnels qui, la RDC le reconnaît, ont été à ses côtés pendant des moments difficiles de son parcours politique.


Mais pour un pays qui sort d’une situation de guerre complexe et accuse d’immenses potentialités, la « guerre des espaces économiques » ne doit pas le contraindre à l’état d’otage. Ce serait l’asphyxier et le pousser vers un suicide collectif.


lundi, août 13, 2007

Le pétrole, enjeu majeur entre Luanda et Kinshasa


L’exploitation pétrolière dans une zone déclarée d’intérêts communs de la R.D.C et de l’Angola a constitué un dossier prioritaire dans les négociations que les chefs d’Etat des deux pays ont eues à Luanda.


L’un des accords de coopération signés en début de semaine par le gouvernement de Luanda et celui de Kinshasa, prévoyant l’exploration et la production communes du pétrole compris dans la Zone d’intérêts communs constitue le point d’orgue de la visite de travail du président congolais à son homologue ango­lais. A moins d’être torpillé par des maladresses diplomatiques ou des aléas politiques, cet accord sur les hydrocarbures ouvre à la RDC la voie d’accès, dans un proche avenir, au club très fermé des pays expor­tateurs du pétrole membres de l’OPEP.


Fait nouveau dans les relations entre l’Angola et la RDC, la volonté exprimée par le gouverne­ment de la République démocra­tique du Congo et celui de la République d’Angola d’œuvrer ensemble et de partager fifty-fifty les revenus générés par l’exploitation pétrolière dans la zone du littoral qu’ils ont appelée « Zone d’intérêts communs », ZIC en sigle. C’est donc la ma­térialisation entre deux pays afri­cains du fameux principe win-win (gagnant-gagnant).


Voilà, en gros, les termes de l’un des accords de coopéra­tion signés lundi dernier dans la capitale angolaise par les minis­tres des Affaires étrangères de deux pays, sous la supervision des deux chefs d’Etat, Joseph Kabila de la RDC et José Eduardo Dos Santos d’Angola. Lesdits ac­cords, précisons-le, seront finali­sés en octobre prochain à Kins­hasa, à l’occasion de la tenue de la Grande commission mixte angolo-congolaise.


3 milliards de barils de réserve


En attendant, la littérature pétrolière renseigne que, contrairement à la République démocra­tique du Congo dont la zone d’ex­ploration et d’exploitation des hydrocarbures se limiterait à quelque 15 km du littoral, la Ré­publique voisine d’Angola avait poussé ses recherches jusqu’à environ 300 km en haute mer. Son audace, comme il fallait s’y attendre, aurait payé. Car il a été mis à jour un potentiel de 3 mil­liards de barils de pétrole de ré­serve. Une aubaine.


Aux termes de l’accord qui vient d’être signé à Luanda, le gouvernement angolais ac­cepte d’associer intimement la RDC à l’exploration ainsi qu’à l’exploitation de cette manne, dont la localisation géographique s’étend apparemment sur la fa­çade maritime commune aux deux pays. Il reste entendu que l’Angola ayant mené toute seule, à ses frais, les opérations antérieures d’exploration du gise­ment, la RDC a l’obligation de rembourser les charges déjà en­gagées par le partenaire au pro­rata de ses bénéfices.


Néanmoins, l’opinion tant nationale qu’internationale de­vrait savoir que l’Angola était déjà détentrice de permis d’ex­ploitation de certains sites recon­nus internationalement. Le fait qu’elle daigne renoncer partiel­lement à cet avantage, au profit de la RDC, non seulement sur les gisements en exploitation ou en développement mais aussi sur ceux à explorer ou abandonnés, est un signal fort du caractère très particulier des relations existant entre les deux chefs d’Etat, les deux pays et les deux peuples. C’est un fait rarissime sur le con­tinent.


RDC, un Etat pétrolier !


Dans leur démarche visant la recherche des intérêts communs, les deux gouvernements auraient décidé, selon les rensei­gnements recueillis de bonne source, de développer la « Zone d’intérêts communs ». Ils pensent atteindre cet objectif aussi rapidement que possible en fai­sant volontairement fi de la déli­mitation des frontières. Ce qui laissera à leurs opérateurs pétroliers un large champ de manoeu­vre sur un plus vaste espace maritime.


Par ailleurs, des spécialis­tes du pétrole interrogés par la rédaction du Potentiel ont laissé entendre que, selon les estimations les plus fiables, la « Zone d’intérêts communs » produirait à son lancement 25.000 barils de pétrole par jour. Cette production atteindra 250.000 barils/jour quel­ques temps après. Au stade fi­nal, la RDC, devenue un Etat pétrolier, produira conjointement avec l’Angola 1 million de barils/jour et ce, pendant 10 ans. Quel mi­racle !


Attention ! La surabon­dance des ressources minérales entraînant la malédiction pour les jeunes pays qui peinent à se dé­mocratiser, il est du devoir des gouvernants de jouer à la trans­parence pour éviter des soubre­sauts internes, facteur d’instabilité. Cette mise en garde oblige la société civile à demeurer fort vigilante. C’est de cette manière, et de cette manière seulement, que la manne pétrolière congo­laise de demain pourrait profiter à l’ensemble de la populations, présente et à venir.


Pour conclure, les analys­tes ne s’empêchent pas de faire observer que « le dossier Kahemba » – du nom de la loca­lité située dans la zone frontalière entre la RDC et l’Angola – a servi à quelque chose.


Il a de toute vraisem­blance aidé le gouvernement de Kinshasa à ficeler ses dossiers avant les dernières négociations de Luanda. Négociations qui ont, entre autres affaires, fait du pé­trole un enjeu majeur entre Luanda et Kinshasa.


mardi, juin 12, 2007

Le Japon apporte son appui au développement de la RDC

Le Japon tient à apporter son appui au développement de la République démocratique du Congo après la mise en place de nouvelles institutions। C’est ce qu’a indiqué dernièrement le chef de mission de l’Agence Internationale Japonaise de la Coopération (JICA), Yuuchi Sugano. Il l’a indiqué au terme d’une visite auprès du secrétaire général au ministère de l’Urbanisme et Habitat, Gustave Tshiswaka Mwimba Kantako.

Ce dernier a fait savoir que la JICA compte appuyer la RDC à travers deux projets majeurs। Il s’agit d’abord de l’étude du plan de reconstruction urbaine de la ville de Kinshasa et celle de l’appui à la relance communautaire dans le district de Cataractes dans la province du Bas- Congo. Pour ce haut fonctionnaire de l’Etat congolais, les deux projets sont axés sur la vérification de l’intention et les attentes du gouvernement congolais en ce qui concerne la situation actuelle des zones cibles, les conditions préalables de l’étude et de l’environnement.

Dans la ville-province de Kinshasa, le projet consiste en un choix d’une commune pour l’assister en infrastructures। Il a rappelé à cet effet à la délégation japonaise que la JICA était un partenaire de la RDC à travers le Bureau d’études, d’aménagement urbain qui s’est manifesté dans l’étude de réalisation de la voirie à partir de l’Echangeur de Limete jusqu’à Kintambo vers les années 1970।

SOUTIEN A LA RECONSTRUCTION

L’ambassadeur du Japon en RDC, Toshinori Yanagiya, a affirmé au cours d’un entretien exclusif avec Le Potentiel la ferme volonté de son pays à soutenir la reconstruction de la RDC। Et pour matérialiser cette volonté, l’Empire du soleil levant a décidé d’apporter son appui au processus électoral à travers le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) à raison de sept millions six cent mille dollars américains (7.600.000 Usd). Le gouvernement du Japon appuie également 20 % du budget total annuel de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc) sur un milliard de dollars. Il convient de noter que le Japon, à travers la coopération, a été très agissant en RDC avant l’année 1990 avec la construction du pont de Matadi suspendu sur le fleuve avec un coût de 300 millions de dollars.

Il convient de rappeler en outre que la Jica est devenue depuis le 1er octobre 2003 une institution administrative indépendante। Conformément aux objectifs d’une institution administrative indépendante et aux mutations rapides que connaissent le Japon et la communauté internationale, la Jica, qui est actuellement dirigée par une femme du terrain, s’emploiera à réformer son organisation pour la rendre encore plus fiable. Elle articulera ses efforts de réforme autour de trois initiatives.

En premier lieu, l’approche Jica veut privilégier les activités sur le terrain. Les pays en développement rencontrent toutes sortes de problèmes en fonction de leur système politique, de leur culture et de leur contexte historique. L’aide du Japon prend en considération toutes ces spécificités. Soucieuse d’appréhender les besoins réels de la population des pays en développement et d’y répondre rapidement, la Jica compte donner davantage du poids à ses bureaux de représentation à l’étranger et améliorer les systèmes sur lesquels s’appuient ses activités de coopération. En second lieu, la Jica intègre la dimension « sécurité humaine» dans ses programmes de coopération.

mercredi, mars 14, 2007

Enjeux méconnus de l’économie du bois.

L’Afrique occupe une part modeste dans le commerce international du bois d’œuvre. Ses exportations ne représentent que 1 % (panneaux, sciages) à 5 % (grumes) des volumes mondiaux. La valeur des exportations africaines ne représente que 30 % de celle de la région Asie-Pacifique. Quant au bois à usage industriel, récolté (forêts naturelles) ou produit (plantations), il ne représente que 11 % de la production du continent, le reste étant constitué de bois de chauffage. En outre, alors que les produits miniers, le pétrole ou le gaz voient leur prix s’accroître avec leur raréfaction progressive, celui du bois africain n’a pas évolué sensiblement depuis vingt ans, en raison de la concurrence du bois des zones tempérées (Europe de l’Est) et des matériaux de substitution.
Cependant, l’Afrique centrale abrite le deuxième massif forestier tropical du monde (après l’Amazonie). Et c’est sur le continent noir que s’opèrent les changements les plus significatifs dans la gestion des forêts, induits notamment par la « globalisation » des enjeux environnementaux.
Alors qu’au Brésil la plupart des forêts exploitées sont des terres privées, en Afrique centrale c’est le régime de la concession forestière qui domine. Jusqu’aux années 1990, l’attribution de permis forestiers s’effectuait « de gré à gré », suivant une logique clientéliste bien établie. La détention de très grandes superficies (des concessions avoisinant trois millions d’hectares existent encore en République démocratique du Congo [RDC]) n’était pas pénalisante puisque les redevances de superficie étaient très basses, voire inexistantes. Cette situation a permis l’installation et le développement d’entreprises prospères, qui exploitent la forêt en prélevant les essences les plus rémunératrices. Le secteur est depuis longtemps dominé par les groupes européens (français [Rougier, Pasquet], allemands [Danzer], italiens [Alpi], belges, portugais, hollandais) et asiatiques (malaisiens [Rimbunan Hijau] et chinois [Vicwood]), ainsi que par des sociétés familiales libanaises (Hazim, Khoury).
Ce mode d’exploitation conduit à une surexploitation de certaines essences (des bois rouges comme l’acajou, le sipo, le sapelli, ou des bois plus clairs comme l’okoumé). En revanche, il ne débouche pas sur des processus de déforestation ou de forte dégradation des massifs – du moins, loin des côtes – du fait de récoltes de faible intensité (généralement moins d’un ou deux arbres à l’hectare, en moyenne). Il constitue néanmoins un facteur d’érosion de la diversité biologique, avec des risques sérieux de raréfaction de certaines essences. Il s’accompagne également d’un fort gaspillage de bois, tant dans l’exploitation (nombreux arbres détruits pour en récolter un seul) que dans la transformation (souvent plus de trois mètres cubes de grume utilisés pour en produire un de bois scié).
Sous la pression des institutions financières internationales, telle la Banque mondiale, et des organisations de défense de l’environnement, d’importantes réformes ont été entreprises dans les pays d’Afrique centrale, lesquels ont tous refondu leurs codes forestiers depuis le début des années 1990.
Le Cameroun a joué un rôle précurseur, avec une série de réformes parfois inédites sur le continent. Parmi elles, le principe de l’adjudication (attribution des concessions et fixation du montant de la redevance annuelle de superficie), la limitation de l’exportation des grumes, la constitution de forêts communautaires, le recours à des associations internationales spécialisées pour surveiller l’exploitation forestière, et la présence d’un « observateur indépendant » pour apprécier le niveau de transparence des appels d’offres. Ces réformes se sont traduites par une modification du partage de la valeur ajoutée entre les entreprises et les Etats en faveur de ces derniers, à travers l’alourdissement sensible de la fiscalité forestière.
Les pays voisins du Cameroun se sont engagés dans des processus similaires, notamment en matière fiscale, mais sont restés jusqu’ici plus en retrait en ce qui concerne la clarté des opérations, notamment pour ce qui a trait à l’attribution des concessions. Le Ghana a adopté depuis un an le principe de l’appel d’offres pour les permis d’exploitation, et le gouvernement libérien – qui a annulé en début d’année tous les contrats de concessions forestières – pourrait mettre en place un ensemble de règles similaires à celles de ses voisins.
Deux pays constituent des cas particuliers. D’une part, la Guinée-Equatoriale, que la rente pétrolière met à l’abri de l’influence des instances internationales et dont le régime autoritaire fait peu de cas des pressions exercées par les associations internationales de défense de l’environnement ; d’autre part, la RDC, géant forestier mais modeste exportateur de bois, où la législation forestière toute récente n’est guère en mesure d’être appliquée par un Etat défaillant qui a le plus grand mal à payer ses fonctionnaires.
Les entreprises forestières ont donc subi successivement l’introduction des contraintes d’aménagement, de nouvelles exigences industrielles (avec l’obligation de transformer localement une part croissante de leur récolte), et le renforcement de la pression fiscale, qui a laminé les rentes économiques des périodes antérieures, entraîné des restructurations parfois sévères et une concentration accrue du secteur. Parallèlement, la lutte contre le trafic de bois est devenue une préoccupation internationale : en effet, l’exploitation illégale du bois a constitué le « nerf de la guerre » pour les factions rivales au Liberia dans les années 1990 ou en RDC jusqu’aux années 2000. La Commission européenne mettra en place, dès 2007, des contrôles visant à s’assurer de l’origine légale des bois importés dans l’Union. De même, les organisations non gouvernementales (ONG) exercent une pression permanente sur les entreprises européennes. En 1993, cent trente-six organisations issues de vingt-six pays ont ainsi mis en place le label Forest Stewardship Council (FSC) destiné à certifier l’exploitation du bois selon des critères écologiques.
Pourtant, si des progrès sont sensibles dans certains pays, ils restent très inégaux entre ceux-ci. L’amélioration dans les grandes concessions étroitement surveillées s’accompagne d’une « informalisation » des activités forestières aux « marges », grandissantes, du système. Ce phénomène est, en partie, lié à l’extraversion de l’industrie du bois, notamment en Afrique centrale, où les grandes entreprises exportent de 80 % à 100 % de leur production. Les consommateurs africains désargentés doivent se rabattre sur un secteur semi-artisanal en pleine expansion (il représente près du double de la production du secteur industriel au Ghana et au moins le quadruple en RDC), dont l’impact écologique peut être redoutable. Enfin, les niveaux élevés de corruption et l’implication personnelle fréquente du milieu politique et administratif dans l’économie forestière minent les systèmes de régulation.

mercredi, décembre 27, 2006

BURKINA FASO: Tristes perspectives d’avenir pour les cotonculteurs du Sahel


SINIENA, le 26 décembre
- Le chef de la délégation de la Sofitex, la plus importante entreprise cotonnière du Burkina Faso, a récemment rencontré quelque 200 producteurs locaux dans l’ouest du pays, et leur a annoncé que l’or blanc se négocierait à 150 francs CFA le kilogramme, lors de la prochaine récolte, soit une baisse de neuf pour cent par rapport à l’année précédente. Mais alors qu’il prenait la parole, les cotonculteurs l’ont interrompu.« Excusez-moi, mais si ce que vous nous dites est vrai, mais nous allons tous arrêter de produire du coton », a déclaré l’un d’eux. Les paysans se sont levés et ont applaudi leur confrère alors que le représentant de la Sofitex tentait de leur expliquer qu’il n’était pas responsable de la chute des cours mondiaux du coton. « Ce sont les tendances du marché extérieur qui fixent le prix du coton. Et selon les tendances actuelles, on peut s’attendre à une baisse durable du prix », a expliqué Jonas Bayoulou de la Sofitex. Cependant, les producteurs de coton ne sont pas d’humeur à écouter les justifications de la Sofitex. Le prix du coton n’a cessé de chuter depuis 2003, il se négociait alors à 210 francs CFA le kilogramme (42 cents américains). Le secteur du coton joue un rôle essentiel dans l’économie du Burkina Faso, l’une des nations les plus pauvres de la planète, et représente à lui seul 60 pour cent des recettes d’exportations du pays. En outre, plus d’un quart des treize millions d’habitants que compte cet Etat d’Afrique de l’Ouest vit directement ou indirectement de la culture du coton. « Où allons-nous envoyer tous ces gens [qui seront prochainement sans emploi]? Il s’agit là aussi bien des jeunes que des cotonculteurs », a déclaré Célestin Tiendrebeogo, directeur général de la Sofitex à Bobo Dioulasso, la capitale du coton. Selon lui, une chute de la production cotonnière aura des conséquences sur les autres secteurs de l’industrie burkinabè et sur l’économie dans son ensemble. Les entreprises cotonnières de la région se battent elles aussi pour survivre. Par exemple, au cours de ces deux dernières années, la Sofitex a essuyé de graves pertes, de l’ordre de 40 milliards de francs CFA (80,45 dollars), a souligné M. Tiendrebeogo.Et selon lui, la situation risque de se détériorer. Davantage de paysans vont délaisser le secteur cotonnier et la production burkinabè chutera probablement de plus de 12 pour cent l’année prochaine, pour s’établir à moins de 700 000 tonnes. « Un tsunami a ravagé notre pays et nous avons besoin maintenant de l’aide de la communauté internationale », a affirmé François Traoré, le président de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina Faso. La faute à l’OccidentLes organisations non gouvernementales (ONG) et les leaders africains s’accordent à dire que les Etats-Unis sont responsables de la chute du cours du coton parce que l’administration américaine continue de verser des subventions à ses 25 000 producteurs de coton. Selon l’ONG britannique Oxfam, Washington aurait versé 4,2 milliards de dollars de subventions en 2004 et 2005, et les pays d’Afrique subsaharienne ont ainsi perdu quelque 400 millions de dollars de recettes – une somme dont auraient pu bénéficier les dix millions de pauvres que compte la région. En octobre dernier, le Président burkinabè Blaise Compaoré a déclaré aux producteurs américains et aux membres du Congrès, lors d’une vidéo conférence organisée par la Banque mondiale, que la filière du coton était essentielle et permettait de combattre la pauvreté qui ravage le Burkina Faso, mais également le Bénin, le Mali et le Tchad. « Nos économies ont été réformées et par conséquent, nos paysans ne reçoivent plus de subventions », a-t-il rappelé. « Alors que certains pays [occidentaux] ont malheureusement décidé de ne pas se plier aux règles du marché mondial », a-t-il ajouté. Les gouvernements africains exhortent les pays occidentaux à cesser de verser des subventions, à créer un fonds d’urgence d’appui à la production cotonnière pour compenser les pertes causées par la chute des cours et à apporter une aide technique et financière aux cotonculteurs africains.En décembre, le Président du Bénin, M.Boni Yayi, a déclaré sur les ondes de Radio France Internationale qu’il demandait personnellement au Président américain George W. Bush de venir en aide aux pays africains. L’administration américaine a rétorqué qu’elle continuerait de verser des subventions à ses producteurs de coton, contrevenant ainsi aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).Cependant, elle s’est dite prête à accroître son aide afin d’améliorer la productivité des producteurs de coton africains et de renforcer leur compétitivité sur le marché international.Des initiatives pour contrer la chute des coursSelon certains experts, en Afrique subsaharienne, la filière du coton continuera de connaître des difficultés même si les pays occidentaux cessent de verser des subventions à leurs producteurs. En effet, actuellement le dollar américain est faible par rapport au franc CFA, ce qui stimule les exportations américaines. Bachir Diop, président de l’Association des cotonculteurs africains (ACA), basée à Dakar, au Sénégal, a souligné que la chute du cours du coton présentait un avantage car elle contraint les producteurs à être plus efficaces. Au Burkina Faso, l'Institut national de l'environnement et de recherches agricoles (INERA) a produit des graines de coton génétiquement modifié qui permet de produire 3 000 kilogrammes de coton à l’hectare, contre une moyenne actuelle de 1 000 à 1 500 kilogrammes. Le gouvernement burkinabè a annoncé qu’il prévoyait de distribuer ces graines aux cotonculteurs en 2007.Les chercheurs africains tentent également de produire de l’huile de cuisine et du carburant à partir des graines de coton, pour la consommation locale. « Cela permettra d’atténuer l’impact [de la baisse des cours mondiaux] et notre dépendance [par rapport à ces cours] », a dit Bachir Diop. La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) encourage également la production de textile locale. A l’heure actuelle, 95 pour cent du coton est exporté comme matière première. Cependant, comme l’a souligné M. Diop, les pays d’Afrique sub-saharienne auront des difficultés à rivaliser sur le marché international à cause des coûts énergétiques élevés et de la fin des quotas sur le commerce des textiles, décrétée en 2005 par l’OMC et qui a permis à la Chine d’envahir le marché mondial. De nombreux paysans burkinabè ont tenté de cultiver des céréales comme le maïs, le mil et le soya à la place du coton, mais le cours des céréales est encore plus instable que celui de l’or blanc. Par exemple, cette année, 100 kilogrammes de maïs coûtaient seulement 3 000 francs CFA (6,03 dollars) alors qu’en 2004, ils se négociaient à 25 000 francs CFA (50,28 dollars). Le coton est certainement le seul espoir des paysans. « Nous ne pouvons pas le remplacer. Seul le coton nous assure une entrée d’argent fiable », a conclu François Sirima, un producteur burkinabè.