La crise mondiale, qui vient de frapper les bourses du Caire à Johannesburg, devrait avoir un impact limité sur les systèmes financiers d'Afrique mais risque d'entraîner un ralentissement de la croissance à plus long terme, ont estimé mardi des analystes.
Depuis le début de la semaine, les bourses du continent, jusqu'à présent relativement à l'abri de l'effondrement des marchés, ont plongé, avec un creux de 16,5% mardi en Egypte. Mais toutes les places financières ne sont pas affectées par cette débâcle, la Côte d'Ivoire a ainsi clôturé à la hausse lundi.
"Dans l'immédiat, il n'y a pas d'impact, parce que l'Afrique toute entière représente moins de 1% du commerce mondial", a déclaré à l'AFP Willy Ontsia, le directeur général de la Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale (BVMAC), basée à Libreville.
"Mais si la crise venait à durer, elle aurait des impacts sur plusieurs indicateurs qui ont des influences sur la croissance dans les pays en développement", a-t-il prévenu, alors que le continent affiche la plus forte période de croissance depuis la décolonisation, à 5,7% en 2007.
Ces bons résultats sont largement tirés par les prix élevés des matières premières, qui pourraient chuter si la demande mondiale diminue.
Les analystes pointent également d'autres "conséquences indirectes" de la crise financière, avec le risque d'une baisse des investissements étrangers et de l'aide au développement.
Le continent serait affecté de manière variable par ce ralentissement, mais l'Afrique du Sud, première puissance économique du continent, risque de payer le prix fort.
"L'Afrique du Sud échange beaucoup avec les Etats-Unis et l'Europe, en particulier", relève Daniel Makina, économiste à l'Université d'Afrique du Sud (Unisa). "Une récession aux Etats-Unis ou en Europe aurait donc un impact sur les exportations sud-africaines."
Lundi, la bourse de Johannesburg a fermé à 21.022 points, soit une baisse de 7,3% avant de se stabiliser mardi à l'ouverture, grignotant 2,83%.
A court terme, en raison de sa forte intégration sur les marchés et de ses importantes liquidités, l'Afrique du Sud "sera plus sensible aux fluctuations du marché financier" que les autres pays en développement, a souligné Razia Khan, analyste pour l'Afrique de la banque StandardChartered.
Mais comme sur le reste du continent, les banques sud-africaines sont protégées des turbulences qui frappent l'Occident. Elles se "financent elles-mêmes en préférant l'épargne aux prêts interbancaires" et ont une dépendance limitée aux investisseurs étrangers, selon Mme Khan.
Et même si le Nigeria, puissant pays pétrolier, a accusé lundi une baisse de 0,47% à la fermeture de la Bourse, d'autres places financières, moins dépendantes de l'extérieur, restent totalement protégées de la tempête.
La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), basée à Abidjan, a même clôturé lundi avec un indice en hausse de +0.49% pour le BRVM 10 (les 10 sociétés les plus actives).
"Il n'y a pas d'interconnexion entre les bourses étrangères et notre bourse et en plus (...) on ne fait pas de prêts immobiliers. Donc, on n'a pas les problèmes de liquidités que rencontrent les autres bourses étrangères", explique Aminata Fofana, assistante du directeur de l'antenne nationale BRVM.
Même constat au Maroc. Selon Youssef Benkirane à la tête d'une société de bourse de la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE), la baisse de 0,58% mardi à l'ouverture de l'index général de la bourse de Casablanca (Masi) et de 2,30% la veille "n'a pas de lien direct" avec la crise.
Elle est "psychologique": les hommes d'affaires suivent simplement la tendance, relève M. Benkirane.
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